« Les prix sont issus d’un rapport de force insupportable »
Olivier Mével est enseignant-chercheur spécialiste de la distribution. Invité par la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres, il intervient à 18 h ce jour au Festival de l’élevage sur le thème : Quel avenir pour l’élevage face aux évolutions de la consommation ?
Quelle est votre analyse sur la situation de l’élevage français ?
Je vois que des hommes et des femmes dans les exploitations font depuis cinquante ans du high-tech au prix du low cost. Dans la filière, certains maillons ont pris de mauvaises habitudes. Dans la GMS, ces habitudes consistent à dire : « Je n’ai pas besoin de vous acheter vos produits mais vous avez besoin de me les vendre ». Ce comportement n’est pas sans conséquences sur les prix payés aux éleveurs. Ils sont le résultat d’un rapport de force insupportable.
La fin de la guerre des prix n’est pas pour tout de suite ?
Absolument pas ! Pour cela, il fautdrait sortir de la LME (la loi de modernisation de l’économie datée du 4 août 2008). Toutes les lois qui ont suivi ont été des lois de passage qui n’ont pas touché à la loi organique qu’est la LME. (…) Les distributeurs vont tout faire pour que l’on ne touche pas à cette loi. Le cas des magasins E.Leclerc est emblématique. Avant la LME, leur part de marché était de 16,7 %. Aujourd’hui, elle est de 21,2 %. Le fonctionnement de Leclerc influence le reste de la distribution.
Les États généraux de l’alimentation vont-ils apporter des réponses concrètes aux éleveurs ?
Quand je vois qui préside certains ateliers, cela pose question, notamment en ce qui concerne l’atelier 5 dont la thématique est « rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs ». Les deux co-présidents sont François Eyraud, directeur général des produits frais Danone, et Serge Papin, PDG de Système U. On peut se demander comment la parole va être donnée aux éleveurs.