Réserves de substitution : « Uniquement si » et « dans un certain cadre »
L'Apieee fait partie des opposants aux réserves de substitution. Joëlle Lallemand, sa présidente, aimerait que des alternatives à l'irrigation soient trouvées. Si le projet, cadré, permettait d'amorcer un changement de modèle agricole, elle le tolérerait.
Joëlle Lallemand, présidente de l'Apieee, l'association de protection et d'information sur les études de l'eau et son environnement, est très réservée sur l'irrigation. Son opposition à l'utilisation de cette technique se construit sur un ensemble d'arguments qui servent la cause d'une agriculture qui est loin du modèle dominant qu'elle qualifie « d'industriel ». Cette agriculture produit dans le respect de son environnement. Les haies, les arbres sont ses alliés pour retenir l'eau notamment. Ils contribuent au bon fonctionnement d'un écosystème productif dans lequel « l'agriculteur n'est pas à la merci des marchés ».
« Alors que de nombreux agriculteurs disent ne pas vivre de leur métier, nous sommes en train de penser des ouvrages coûteux pour irriguer des cultures. C'est un cercle vicieux », juge la responsable associative, pourtant disposée à quelques concessions. Avouant « des connaissances limitées en économie », elle veut bien croire qu'un changement brutal soit difficile. En conséquence, et « uniquement si », et « dans un certain cadre », les réserves de substitution « pouvaient servir de levier pour amorcer une transition agricole », elle en accepterait le principe. « Nous défendons le développement d'une agriculture biologique, dont l'objectif est de produire avec et en fonction de la nature, sans pesticides quels qu'ils soient, qui tienne compte des particularités du territoire et fait la part belle au goût ».
Pour que ce modèle s'installe, Joëlle Lallemand a conscience du travail qui doit être fait auprès des citoyens et des consommateurs. Cette attente doit être exprimée par le plus grand nombre et soutenue en masse dans les actes d'achat, sans quoi elle restera un voeu pieux.
Alors que le mouvement est en cours et « parce que la Coop de l'eau a fait un travail intéressant et que les services de l'État en Deux-Sèvres sont à l'écoute, les réserves qui ne peuvent être le seul moyen d'agir pour préserver le milieu, finiront peut-être par voir le jour ». Si tel est le cas, propose la présidente de l'Apieee, les volumes à l'exploitation devront être limités à 20-25 000 m3; en contrepartie de l'argent public injecté, les agriculteurs devront accepter des règles d'éco-conditionnalité ; priorité devra être donnée à l'élevage et au maraîchage dans l'attribution des volumes.