Une boulangerie rouvre, un village revit
Ils ont bien conscience de la place d'une boulangerie dans les communes rurales. À tel point qu'ils viennent de reprendre celle de leurs villages. Exemples à Romagne, Adriers et Liglet.
Ils ont bien conscience de la place d'une boulangerie dans les communes rurales. À tel point qu'ils viennent de reprendre celle de leurs villages. Exemples à Romagne, Adriers et Liglet.


L'ouverture d'une boulangerie, et d'un commerce en général, dans un village c'est toujours une bonne nouvelle. Et il y en a donc au moins trois dans la Vienne en fin d'année. "Le fournil des enfarinés" a ouvert fin novembre à Romagne. À l'origine, 4 amis déjà bien engagés dans la vie locale. Baptiste Boittiaux contribue au développement de l'écolieu de la Maingotière à Voulon. Il y faisait d'ailleurs déjà du pain. Antoine Dupouy était maraîcher à Champagné-Saint-Hilaire et engagé, comme ses associés, autour du café associatif des Pois Chiche à Anché. Nicolas Biet a créé La Ferment'haie à Champagné-Saint-Hilaire. Il a son CAP boulangerie tout comme le dernier associé, Jérémy Mergault. " On travaille sur le projet de la boulangerie depuis un peu moins de 2 ans. Depuis le moment où elle a fermé. Le maire nous a parlé de ce four, que son grand-père avait participé à construire. On a été séduit par le projet. La mairie a fait beaucoup de travaux et elle est propriétaire du local et du matériel. C'est plus sécurisant pour nous. On est content parce qu'on arrive à faire du pain à un prix très compétitif, grâce notamment à ce four très économe en énergie et dans lequel on peut mettre 80kg de pâte cru. On a un beau potentiel " explique Baptiste Boittiaux. La boulangerie est pour le moment ouverte 4 jours par semaine (lundi, mardi, jeudi et vendredi), de 15h à 19h. Les 4 associés ont bien conscience qu'ils ont bouleversé les habitudes. "C'est peut-être plutôt l'occasion de revenir à une consommation du pain qui existait il y a 50 ans mais que l'offre "3 baguettes achetées, 1 gratuites" a complètement faussé. Notre pain, on peut l'acheter et le consommer sans souci pendant 2-3 jours " souligne Antoine Dupouy. D'ailleurs pas de baguette qui sèche en quelques heures ici. Les pains, de campagne, aux graines, complet, au petit épeautre et blé ou encore blé-seigle sont tous 100% levain avec une farine bio, cultivée par Simon Paquereau, paysan meunier à Availles-Thouarsais dans les Deux-Sèvres. "Mais on a aussi le "classique", à la farine blanche et un peu de levure. C'est pour rassurer les consommateurs et pour qu'ils aient envie de goûter les autres pains " complète Baptiste Boittiaux. Les 4 associés ont lancé récemment la production de viennoiseries et ils ont encore des projets plein la tête pour développer leur affaire : proposer leurs pains aux écoles et collèges du secteur, et miser sur le tourisme et l'attractivité de la Vallée des singes à travers les gîtes et chambres d'hôtes et pourquoi pas les restaurants. " On prévoit dans les prochaines semaines une partie "salée" mais aussi des pâtisseries de saison " précise Antoine Dupouy qui compte bien mettre à profit son CAP cuisine et pâtisserie. Pour l'heure, il s'affaire à la préparation des broyés qui seront dégustés aux vœux du maire. Il a hâte de faire découvrir la recette d'un ami aux habitants de sa commune.
Le pain d'avant
Isabelle Jacquemin aussi a eu le plaisir de régaler les habitants d'Adriers pour les vœux du maire, avec ses mignardises. Sa boulangerie s'appelle désormais "Le fournil d'Isa" mais elle ne lui était pas inconnue puisqu'elle y travaillait déjà en tant que vendeuse, avant que son ancien patron, Pierre Godet, ne décède subitement en février. Elle décide de reprendre le commerce, après l'accord de l'épouse de Pierre Godet et de son fils. Et après une procédure de liquidation qu'elle qualifie de beaucoup trop longue, la boulangerie a pu rouvrir le 3 décembre. " Je suis fille de boulanger et c'est un aboutissement pour moi parce que j'ai toujours voulu avoir ma boulangerie, même si ça fait forcément un peu peur. " explique Isabelle Jacquemin, rejointe dans son projet par son compagnon qui était salarié agricole, et qui est désormais en formation de boulanger avec celui qui était aussi l'ancien salarié de Pierre Godet. Ici aussi, les habitudes des habitants sont un peu bouleversées puisque la boulangerie est ouverte de 7h à 13h (du mardi au dimanche). " Je n'ai pas les moyens d'embaucher une vendeuse de toute façon. Et les journées sont déjà bien longues mais j'ai aussi plein de projets et je voudrais développer le snacking et mon offre de pâtisserie. Je suis à la vente et à la pâtisserie mais on est une équipe. Beaucoup d'habitants nous soutiennent et quand ils me disent qu'ils retrouvent le pain d'avant c'est une grande joie " souligne Isabelle Jacquemin, qui a remis à la vente le traditionnel " l'adriaud ", du nom des habitants de sa commune. Elle suit les traces de Pierre Godet et utilise toujours la farine de L'Isle-Jourdain.Enfin c'est du côté de Liglet que la bonne nouvelle est tombée, le 20 décembre, quand la boulangerie et multi-services a rouvert. Le lieu s'appelle désormais " les délices de Liglet" . Sylvain et Jeanne Allagui sont arrivés de Vendée. " On cherchait une boulangerie qui ne fonctionne pas qu'en saison comme c'est le cas en Vendée avec des boulangeries où on peut sortir jusqu'à 80 000 baguettes par jour. On voulait se poser et on a trouvé Liglet grâce à SOS Village" explique Sylvain Allagui, boulanger-pâtissier et Meilleur ouvrier de France. Lui aussi a à coeur de transmettre dans ces pains l'amour qu'il a pour son métier. Avec la fameuse brioche vendéenne aussi. "Nous ne sommes que 2 en France à la proposer en dehors de la Vendée" complète Sylvain Allagui, à la recherche d'un pâtissier pour lui prêter main forte. Le couple va démarrer prochainement les livraisons et couve un projet de restaurant... Affaire à suivre.